Modèle économique
Eunomia est une association qui propose un nouveau modèle et de nouvelles méthodes pour organiser la production des humains.
Par quel biais comptons-nous changer la donne ?
La structure
Nous avons choisi de développer nos activités économiques dans le cadre légal associatif, et ce pour les raisons suivantes :
- La propriété de l’association
Les dirigeant·e·s et fondateur·trices d’Eunomia ne “possèdent” pas l’association ! Eh oui, personne n’est propriétaire d’Eunomia : dans une association, la direction est organisée collectivement lors des assemblées générales. Nous souhaitons nous extraire du rapport patron·ne/employé·e.
- Le caractère non lucratif de la structure
Il est interdit aux membres d’une association de s’octroyer des dividendes avec les profits de l’association. Pour faire simple, l’argent reste toujours dans l’association (hormis les salaires évidemment, que l’association décide de fixer à un seuil raisonnable, pour que chaque personne puisse vivre correctement, sans s’enrichir démesurément).
- La gestion désintéressée
C’est un point plus complexe, mais la législation française, à travers sa fiscalité, encadre l’organisation interne d’une association. Dans une coopérative par exemple, ou une entreprise traditionnelle, la liberté d’action est totale ou presque car la fiscalité est alors à son maximum. Les impôts d’une association sont volontairement réduits par l’Etat car l’association, contrairement à l’entreprise, a souvent l’objectif d’effectuer une mission que l’État assure mal. En reconnaissance, l’Etat ne fait pas payer d’impôts à l’association car l’association rend déjà service à l’Etat via son existence. Ceci est effectué pour des raisons pragmatiques : quand l’association a déjà développé un savoir-faire, il est parfois plus intelligent de la part de l’Etat de faciliter le travail de cette association.
L’association va tenter d’utiliser le cadre fiscal avantageux que représente le statut de gestion désintéressée. Cela permet d’être réellement reconnue pour la valeur humaine qu’elle ajoute à une activité économique.
Cela convient particulièrement bien au recrutement de donateurs (récolte de fonds en rue), qui est pour l’instant une activité assurée en intégralité par le secteur privé. Grâce à nous, le recrutement de donateurs devrait être assuré un peu plus par le secteur associatif et un peu moins par le secteur entrepreneurial.
Enfin, que ferions-nous si une des activités économiques d’Eunomia ne répondaient pas aux critères de gestion désintéressée ? Il est tout simplement possible de segmenter légalement l’association en plusieurs branches : l’activité commerciale à gestion non désintéressée serait simplement taxée comme une entreprise classique (TVA, impôts sur les sociétés…), tandis que le reste des activités d’Eunomia continuerait à bénéficier du cadre de la gestion désintéressée.
Notre gestion peut être reconnue comme désintéressée si nous respectons un certain nombres de points, présentés ci-dessous :
- la transparence financière
- la gestion démocratique
- la rémunération non excessive des dirigeants
- le caractère social de nos activités économiques
Si nous respectons ce dernier point, nous pourrions être exonérés d’impôts commerciaux. Ceci nous permet notamment de baisser les prix de nos prestations (quelles qu’elles soient) et ainsi consolider très fortement l’aspect social de notre démarche.
Eunomia tente de réaliser une activité économique gérée de façon démocratique.
Les outils
En plus de ce qu’apporte comme contraintes positives le modèle associatif à gestion désintéressé, nous souhaitons mettre en place nos propres outils pour faire évoluer les méthodes de production :
- Une échelle des salaires stricte, pour mettre fin aux inégalités salariales absurdes : de 1400 à 2500 euros net par mois
- Une caisse projets dont l’utilisation du contenu sera décidée par les membres d’Eunomia. Cette caisse projets se remplit dès que la somme qu’accumule Eunomia est supérieure à la quantité de fonds de roulement nécessaire et au montant affecté au paiement des salaires.
- Le refus de la productivité, le but étant de produire d’une meilleure façon, dans de bonnes conditions et dans le respect de notre environnement. Nous chercherons donc toujours à être vigilant·e·s face aux règles implicites de la “loi du marché”.
Nos métiers
La collecte de fonds en rue
La collecte de fonds en rue, aussi appelée recrutement de donateurs ou street-fundraising est l’activité qui consiste à assurer une présence dans la rue pour être le point de contact entre passants et association et proposer un soutien financier, régulier ou ponctuel, pour une ou plusieurs associations d’intérêt général.
Le dialogue au cœur de la rencontre entre individus et associations
Le but de la démarches est à la fois de sensibiliser et de débattre (en toute quiétude) sur les actions sociales, les buts et méthodes, les raisons et les idées défendues par les associations avec lesquelles nous travaillons.
Nous souhaitons mettre en avant l’angle du dialogue : les salarié·e·s Eunomia sont avant tout présent·e·s en rue pour discuter avec les personnes souhaitant s’arrêter avec elles. La question du don est traitée comme l’un des moyens d’actions pour les passants souhaitant participer à l’activité d’une association donnée.
D’autres moyens d’actions sont présentés : bénévolat, pétition, sensibilisation, diffusion de messages via les réseaux sociaux, etc.
Nos travailleurs·euses ont la possibilité de récolter les dons que souhaiteraient faire les personnes qui se sont arrêtées pour discuter. Les dons ne sont récoltés qu’à travers le remplissage en rue d’un mandat de prélèvement SEPA, qui, conjoint à la transmission d’un numéro IBAN, autorise un prélèvement, soit régulier, soit ponctuel, d’une somme choisie par le·la futur·e donateur·trice.
Le but de ce travail est de présenter une action associative dans son ensemble en laissant la personne qui s’arrête libre de choisir son positionnement et son moyen d’action vis à vis de cette action associative.
Lien social
Le deuxième aspect de ce travail est lié à la fois au cadre et à la nature sociale de ce travail.
Nos travailleurs·euses seront tous les jours confronté·es à la détresse sociale.
Il faut bien avoir conscience que défendre en rue des principes tels que le logement pour tous, la dignité humaine, la non-discrimination, la non-violence, l’école pour tous; la santé gratuite, etc. a des conséquences sur les personnes qui s’arrêtent en rue. il est relativement fréquent qu’au cours d’une discussion une personne en vienne à partager ses propres soucis concernant l’accès au système de santé, logement, travail…
Bien souvent ce genre de discussion dépasse de loin la simple présentation d’une association ou de la recherche de fonds. Compte tenu du discours tenu par nos équipes, il nous paraîtrait mal avisé de ne pas (dans une certaine mesure) prendre en compte la détresse de ces personnes. Dans ce ce genre de cas les consignes seront de rassurer puis d’orienter les personnes en détresse vers les structures capables de les aider dans leurs démarches, de faire prendre connaissances aux gens de leur droits sociaux.
Le but étant de faire de nos équipes un premier lieu où les personnes en situation de détresse sociale puissent exprimer leur besoin et trouver les première infos pour s’en sortir. Bref, de l’action sociale de proximité.
Pour réaliser ces objectifs nous mettrons en place, pour une mission d’un mois et demi, une formation d’une semaine où nous formerons nos équipes aux méthodes de travail en rue et où nous leur fournirons l’ensemble des informations à connaître pour guider les gens en détresse sociale vers les structures capables de les aider, orienter et/ou soutenir.
Ethique des salaires
La politique de salaires est un des points critiques sur lesquels Eunomia souhaite apporter sa réflexion. Si les contraintes légales nous l’autorisent, nous souhaitons mettre en place un salaire fixe de 1400 euros net par mois, qui sera majoré en fonction du nombre de donateurs·trices trouvés en rue, jusqu’à atteindre le maximum de 2500 euros.
Ces salaires maximum sont atteints avec des moyennes bien en-deçà de ce que le secteur privé exige déjà d’un·e recruteur·trice expérimenté·e. Ainsi, Eunomia permet à chacun·e de trouver son rythme sans pousser à atteindre des “scores” dans l’obtention de promesses de don.
Ainsi, 1,5 bulletin obtenu en moyenne par jour de travail ouvré garantit le salaire minimum Eunomia, soit 1400 euros net par mois. C’est le minimum calculé que tout travailleur doit pouvoir atteindre pour continuer à travailler avec nous sur le long terme.
3,5 donateurs en moyenne par jour de travail ouvré garantit le salaire maximum Eunomia soit 2500 euros net par mois.
Une veille qualitative (rappel des donateurs suite à leur rencontre) est mise en place pour contrôler le respect des méthodes définies par notre association pour le travail de rue.
Plus une personne trouvera de donateurs et de donatrices, plus la veille est stricte : nous mettons un point d’honneur à ce que le libre arbitre des personnes arrêtées en rue soit respecté.
Détails
Ce travail est organisé en CDD saisonnier d’un mois et demi. Il est soumis à la convention collective des enquêteurs vacataires.
Pour ce qui est du cadre nous payons les frais liés au déplacement, à la nourriture, à l’équipement de nos équipes. Dans certains cas il sera prévu d’assurer aussi le logement de nos équipes notamment sur des missions en itinérance (de ville en ville sur un mois et demi).